Pourtant je vis près de la terre
Créature humble s’il en est
Je ne peux pas mieux m’abaisser
Humble mais pas humilié
C’est dire que je ne suis pas soumis
Puisque je ne suis pas muet
Ma langue double me permet
De parler en mon nom au « je »
Mais aussi en celui de l’autre
Au « je » au « tu »
Comme il me plaît
Car savez-vous même si je rampe
J’ai droit comme tout être vivant
Pas à une chaise pour mon séant
Mais à une belle place au soleil
Et j’en profite
Je m’en délecte
Je m’en nourris
M’en émerveille
Quand vous croyez que je sommeille
Vous vous trompez
Je suis actif
Je transforme ce feu naturel
Je métabolise le soleil
En énergie existentielle
Je puise la force de me défaire
De mes superficialités
Mes inutiles et mes poids morts
Et je m’allège de ma peau
Pour qu’une nouvelle me pousse
Peut-être plus proche de mon âme
Que j’ai fière belle noble légère
Même si mon corps froid vous repousse
Ainsi plus léger
Plus alerte
Je glisseJe me fonds dans les herbes
J’adapte ma forme aux contraintes
Du terrain de jeu qu’est la vie
Qui glisse sur moi sans me défaire
Sans toucher à mon essentiel
Qui n’est pas la connaissance
Ce n’est là que mon rôle biblique
Pour tester l’âme des humains
Les aider à progresser
Sur un plan spirituel
Devenir plus héroïques
Libre même si je n’ai pas d’ailes
Je sinue vers ma prochaine mue
Afin qu’elle me renouvelle
Moi Marie-France
Après Ève ayant succombé
Aux charmes de la connaissance
J’essaye de gagner mes ailes
Et comme le serpent de muer
En retournant les mots concepts
Pour les éprouver à l’envers
Par mes sens les faire pénétrer
Ouvrir une faille
Une fenêtre
Comme le kasàlà le promet
Et puis retourner dans l’Eden
Pour m’y sentir émerveillée
Créé par Marie-France